Décision du Bureau : 20.COM 4.BUR 3.1

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles relatifs à l’admissibilité et aux critères de sélection des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document LHE/25/20.COM 4.BUR/3 ainsi que la demande d’assistance internationale n 02460 soumise par l’Égypte,
  3. Prend note que l’Égypte a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé Sauvegarde et renforcement des capacités pour le patrimoine culturel immatériel des marionnettes à gaine traditionnelles Al-Aragoz en Égypte :

Mis en œuvre par le Fonds de développement culturel, ce projet de vingt-quatre mois vise à revitaliser et à sauvegarder les marionnettes à gaine traditionnelles d’Al-Aragoz grâce à la documentation, à la formation et au renforcement des capacités. Le projet vise à mettre en œuvre le plan de sauvegarde actualisé décrit dans le dernier rapport périodique soumis par l’Égypte sur l’élément « Marionnettes à gaine traditionnelles » inscrit en 2018 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Historiquement joués par des artistes itinérants, les spectacles d’Al-Aragoz étaient un élément essentiel des célébrations religieuses et des rassemblements publics, divertissant et éduquant principalement les enfants. Aujourd’hui, le nombre de praticiens d’Al-Aragoz a considérablement diminué en raison de multiples facteurs, notamment le vieillissement et la disparition des maîtres interprètes, en particulier pendant la pandémie de COVID-19, ainsi qu’en l’absence de transmission des compétences aux jeunes générations. Les activités du projet comprennent l’organisation d’ateliers pour les nouveaux artistes, la formation d’artisans à la fabrication de marionnettes, la documentation des connaissances traditionnelles et le renforcement des fonctions éducatives et sociales d’Al-Aragoz, par exemple en établissant un partenariat avec le Ministère de l’éducation afin d’intégrer les spectacles dans les programmes des écoles primaires. Le projet prévoit en outre la création d’une salle d’exposition permanente pour les marionnettes traditionnelles et l’organisation d’une conférence internationale sur le thème des marionnettes traditionnelles afin d’échanger des expériences entre les chercheurs, les universitaires, les praticiens et les fabricants de marionnettes. La demande fait également état de supports de communication et de sensibilisation, notamment un site web dédié, des brochures et des catalogues, ainsi qu’un court documentaire sous-titré en arabe et en anglais. Outre la reconnaissance de l’importance d’Al-Aragoz, ce projet devrait illustrer la manière dont les arts traditionnels peuvent être revitalisés, modernisés et soutenus financièrement, encourageant ainsi les organisations gouvernementales, du secteur privé et de la société civile à investir dans des initiatives similaires pour d’autres pratiques culturelles menacées.

  1. Prend note en outre que cette assistance vise à soutenir un projet mis en œuvre au niveau national, conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que l’Egypte a demandé une allocation de 99 840 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre du projet ;
  3. Décide que, d’après les informations fournies dans le dossier n 02460, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
Critère A.1 : Les communautés concernées, y compris les maîtres marionnettistes et les artisans, ont participé à l’élaboration de la demande. Leurs contributions ont été déterminantes dans l’identification des besoins et des priorités de la communauté en matière de sauvegarde, contribuant ainsi à définir les activités proposées. Au cours de la mise en œuvre du projet, les praticiens et les détenteurs contribueront à la conception des modules de formation, dirigeront les activités de formation et participeront aux représentations publiques. Historiquement, cette pratique a été menée par des hommes, aucune femme n’étant actuellement reconnue comme détentrices ou praticiennes. Compte tenu de l’évolution des contextes sociaux et de la disposition des communautés concernées, le projet adoptera une approche inclusive et basée sur l’égalité de genre, les femmes représentant au moins 50 % des apprentis dans tous les domaines de formation. Cette mesure vise à faire en sorte que les femmes soient habilitées à devenir les futures détentrices de cette pratique. La demande indique également la participation d’organisations non gouvernementales ayant une expérience dans la sauvegarde d’Al-Aragoz dans les composantes de formation et de sensibilisation de la communauté.
Critère A.2 : La ventilation du budget et le calendrier proposé sont bien structurés et conformes aux activités décrites dans la demande. Le montant de l’assistance demandée est considéré comme étant approprié par rapport à la portée et à la durée du projet.
Critère A.3 : Les activités proposées sont cohérentes et alignées sur les objectifs et les résultats attendus du projet. Les activités prévoient des réunions avec les parties prenantes, de la documentation, du renforcement des capacités, des représentations publiques, la création d’une salle d’exposition pour Al-Aragoz, une campagne de sensibilisation, une conférence internationale et le suivi du projet.
Critère A.4 : Globalement, le projet vise à faciliter la mise en œuvre de certaines des mesures de sauvegarde identifiées dans le dernier rapport périodique sur le statut de l’élément inscrit soumis en 2022. Les activités sont conçues pour répondre aux menaces qui pèsent sur l’élément, telles que la diminution du nombre de détenteurs et de praticiens, la perte des chaînes de transmission et le manque de documentation et de recherche. La campagne de sensibilisation et la salle d’exposition contribueront à accroître la reconnaissance d’Al-Aragoz aux niveaux institutionnel et national. En outre, le projet prévoit l’organisation d’une cinquantaine de représentations publiques dans des écoles et des centres culturels du Caire, d’Alexandrie et de la Haute-Égypte. Ces spectacles rassembleront plus de 15 000 personnes, afin de les sensibiliser à l’élément tout en offrant au public, y compris les familles et les enfants, l’occasion de l’apprécier. Grâce à une gamme variée d’activités, le projet vise à assurer la viabilité et la visibilité de l’élément, tout en améliorant ses fonctions sociales dans le contexte actuel. En outre, les apprenties seront dotés de compétences entrepreneuriales qui leur permettront de lancer leurs propres entreprises liées à la tradition de l’Al-Aragoz.
Critère A.5 : L’État partie demandeur contribuera à hauteur de 25 pour cent (33 690 dollars des États-Unis) du montant total du budget du projet (133 530 dollars des États-Unis). Par conséquent, une assistance internationale est demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel pour les 75 pour cent restants du montant total du projet.
Critère A.6 : Le projet vise à renforcer les capacités des communautés afin d’assurer la transmission des compétences et des connaissances associées à l’Al-Aragoz aux générations futures. Au cours du programme de renforcement des capacités, soixante personnes recevront une formation dans divers domaines liés à cet élément, de la manipulation des marionnettes à la modulation de la voix (« Al-Amana »), en passant par l’improvisation, la narration d’histoires et l’entrepreneuriat culturel. Les artisans acquerront également des compétences en matière de fabrication de marionnettes et d’appareils vocaux. En tant que futurs praticiens, les apprentis seront sélectionnés par le biais d’appels à candidatures ouverts dans les universités, les organisations non gouvernementales et les centres culturels. La demande précise également que les capacités des maîtres praticiens seront encore renforcées en les engageant comme formateurs et mentors. Cela permettra non seulement de renforcer leur propre reconnaissance, mais aussi de garantir que leur expertise est transmise aux jeunes générations de manière structurée. Les capacités institutionnelles seront renforcées au sein du Fonds de développement culturel, qui coordonnera la mise en œuvre du projet. La création d’une salle d’exposition permanente servira également de plate-forme éducative à long terme, élargissant ainsi le rôle de l’institution dans la sauvegarde de cette pratique.
Critère A.7 : L’Égypte a bénéficié d’une assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour un projet achevé[1]. Les activités prévues dans le contrat relatif à ce projet ont été réalisées conformément aux règles de l’UNESCO.
Paragraphe 10(a): Le projet est d’envergure nationale et impliquera les ministères de la Culture, de l’Enseignement supérieur, de la Jeunesse et du Tourisme, ainsi que le Conseil suprême de la Culture. Des universitaires et des organisations artistiques non gouvernementales - notamment la troupe Wamda pour Aragoz et Shadow Shows - participeront également au projet.
Paragraphe 10(b) : Le projet devrait revitaliser cette expression artistique populaire au niveau national. Il vise en outre à établir des partenariats entre les institutions gouvernementales, les entités du secteur privé et les organisations de la société civile, dans le but de faciliter la mobilisation des ressources financières et techniques pour la sauvegarde de l’élément.
  1. Approuve la demande d’assistance internationale de l’Egypte pour le projet Sauvegarde et renforcement des capacités pour le patrimoine culturel immatériel des marionnettes à gaine traditionnelles Al-Aragoz en Egypte, et accorde un montant de 99 840 dollars des États-Unis pour la mise en œuvre de ce projet ;
  2. Félicite l’État partie pour la soumission d’une demande d’assistance internationale afin de mettre en œuvre les mesures de sauvegarde actualisées décrites dans son dernier rapport périodique (soumis en décembre 2022) sur le statut de l’élément « Marionnettes à gaine traditionnelles », qui démontre l’utilisation efficace, de manière interdépendante, des mécanismes de coopération internationale de la Convention ;
  3. Note avec intérêt l’approche basée sur l’égalité des genres développée dans ce projet et encourage l’État partie à partager l’expérience acquise dans ce cadre sur les pratiques inclusives de sauvegarde ;
  4. Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État partie demandeur sur les détails techniques de l’assistance, en accordant une attention particulière à ce que le budget et le plan de travail des activités à couvrir par le Fonds du patrimoine culturel immatériel soient suffisamment détaillés et précis pour justifier toutes les dépenses ;
  5. Invite l’État partie demandeur à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport afin de rendre compte de l’utilisation de l’assistance octroyée.

[1] Inventaire du patrimoine culturel immatériel relatif à l'artisanat pratiqué au cœur du Caire historique (86 950 dollars des États-Unis ; août 2021-septembre 2023).

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